Agir contre la pollution lumineuse c’est possible : l’exemple de la gare SNCF de Vernouillet-Verneuil

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Si à l’occasion de l’augmentation des prix de l’électricité de l’hiver dernier, beaucoup de communes ont éteint les lampadaires en milieu de nuit, il n’en est pas de même de certains acteurs privés ou publics.

Depuis plusieurs années, la gare de triage de Vernouillet-Verneuil est éclairée par deux mats munis de spots lumineux de très forte intensité. Il faudrait plutôt dire que toute la vallée de la Seine en profite car ces spots éclairent tout le quartier de la gare, l’étang du Gallardon et sont bien visibles depuis Triel-sur-Seine. Selon le responsable local de la gare de triage que nous avons rencontré, ces éclairages sont nécessaires pour des travaux de chargement de matériels dans le cadre du projet EOLE. Néanmoins, ces travaux n’ont pas lieu toute la durée de la nuit mais les éclairages ne sont pas équipés de télécommandes permettant d’être allumés en cas de besoin depuis les bureaux de la SNCF ; ils sont donc allumés de manière systématique dès la tombée de la nuit.

Nous nous sommes appuyés sur l’interdiction d’éclairer directement les plans d’eau (arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses) pour signaler par courrier à SNCF Réseau que ces éclairages n’étaient pas conformes à la législation. SNCF Réseau nous a répondu qu’une télécommande permettant d’allumer les spots lumineux qu’en cas de besoin serait installée en janvier 2024. L’entreprise promet également de diminuer l’intensité des spots lumineux. Une petite victoire qui va profiter aux riverains.

Rappelons que le maintien des lumières la nuit constitue un important gaspillage énergétique. Cette forme de pollution lumineuse cause aussi un impact sur le vivant. Elle perturbe les déplacements des oiseaux, des mammifères et des insectes ; elle dérègle les rythmes biologiques et hormonaux de nombreuses espèces végétales et animales, y compris chez les êtres humains. Aussi, nous nous sommes intéressés aux autres sources de pollutions lumineuses que sont les enseignes et vitrines commerciales mais aussi les chantiers.

Pour lutter contre cette pollution, le gouvernement a encadré une partie des éclairages notamment par l’arrêté du 27 décembre 2018. La réglementation prévoit les mesures suivantes :

  • les éclairages intérieurs des locaux doivent être éteints au plus tard 1h après la fin de l’occupation,
  • les parkings doivent être éteints au plus tard 2h après la fin de l’activité,
  • les chantiers doivent être éteints au plus tard 1h après la fin de l’activité (mais l’argument de la surveillance est souvent mis en avant pour ne pas respecter la législation),
  • les vitrines doivent être éteintes entre 1h et 7h du matin,
  • les enseignes et publicités lumineuses doivent être éteintes de 1h à 6h du matin,
  • les bâtiments non résidentiels (éclairages extérieurs des églises, mairies, gymnases, etc.) doivent être éteints à partir de 1h du matin,
  • Il est interdit d’éclairer directement une rivière ou un plan d’eau (nous sommes déjà intervenus auprès d’établissements pour leur rappeler cette interdiction peu connue),
  • En cas de non-respect de la réglementation, une amende de 750 euros peut être prononcée (art. R. 583-7 code de l’environnement).

En avril 2023, le conseil communautaire de GPSEO a adopté un règlement plus contraignant pour les commerces avec notamment l’obligation d’extinction nocturne des vitrines et enseignes lumineuses entre 22h et 7h, lorsque l’activité a cessé (dans les autres cas : elles doivent être éteintes au plus tard une heure après la fin d’activité et allumées au plus tôt une heure avant le début d’activité), y compris pour les dispositifs lumineux situés derrière une vitrine (les panneaux lumineux des agences immobilières, par exemple). De plus, la surface cumulée des publicités et enseignes numériques est limitée au quart de la surface de la vitrine derrière laquelle elles sont apposées (écrans géants interdits). Les enseignes clignotantes sont interdites sauf pour les pharmacies.

Exemple d’écrans dont la surface est largement supérieure au quart de la surface de la vitrine et qui restent allumés après 22h.

Donc dans nos communes (hors zones commerciales qui ont un règlement spécifique), à partir de 22h, toutes les vitrines et enseignes des commerces devraient être éteintes. Et à partir de 1h du matin, les éclairages extérieurs des bâtiments administratifs devraient être éteints.

Bien que les règles soient globalement respectées, il reste des progrès à faire pour certains commerces et pour tout ce qui concerne la protection des milieux aquatiques pour laquelle la législation est largement méconnue : l’ancien pont de Triel-sur-Seine avec ses 28 lampadaires qui éclairent fortement la Seine en est un bon exemple.

Après l’extinction des lampadaires une partie de la nuit, éteindre les lumières inutiles est une mesure de bon sens qui préserve la biodiversité et qui en plus permet d’économiser l’énergie. Pourquoi s’en priver ?

Pour signaler la pollution lumineuse sur le site de France Nature Environnement (réglementation, courriers-types, etc.) :

Pollution lumineuse : comment préserver la nuit ? | France Nature Environnement (fne.asso.fr)

Pour les aspects concernant la protection du ciel nocturne :

Site de l’ANPCEN

Photo en en-tête : Vue de l’étang du Gallardon éclairé par les spots lumineux de la gare de triage (photo J.D. Schubert).

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