Les conséquences de la pollution lumineuse

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Le 28 décembre 2018 l’état a publié deux arrêtés concernant la régulation de l’éclairage nocturne : d’une part l’arrêté fixant la liste et le périmètre des sites d’observation astronomique exceptionnels et d’autre part l’arrêté relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses. Nous vous proposons de revenir sur ces deux arrêtés demandés par le conseil d’état mais aussi sur les conséquences de la pollution lumineuses sur l’environnement et les solutions qu’il est possible de mettre en œuvre.

Le phénomène de pollution lumineuse est connu depuis longtemps, ce sont les astronomes qui ont les premiers alertés sur ce phénomène dans les années 80. Mais c’est à partir des années 90 qu’elle est devenue une véritable préoccupation. La quantité de lumière émise la nuit a augmenté de 94% depuis les années 90 et le nombre de points lumineux de 89%. En 2001 un atlas mondial de la pollution lumineuse est édité et en 2015 l’Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes (ANPCEN) édite une carte de la pollution lumineuse en France. On y voit assez clairement qu’il est assez compliqué d’observer les étoiles en Île-de-France mais aussi dans la plupart des grandes agglomérations du pays.

Retour sur les deux arrêtés du 28 décembre 2018

L’arrêté sur les sites d’observations astronomiques exceptionnels comprend 13 lieux, on y retrouve par exemple l’observatoire du Pic du Midi de Bigorre, l’observatoire de Haute Provence et l’observatoire de Château Renard. Le principe est d’établir un périmètre de 10 kilomètres de rayon autour de ces sites. L’éclairage nocturne dans ces périmètres ainsi qu’en agglomération, hors agglomération et en zone naturelle (réserves naturelles, parcs naturels régionaux et parcs naturels marins, cœurs de parc nationaux) est encadré par le second arrêté. Le texte fixe les horaires d’allumage, l’intensité lumineuse, le maillage et l’intensité des faisceaux et s’appliquent aux installations d’éclairages extérieurs des voiries, pour l’éclairage du patrimoine, les équipements sportifs, les parcs de stationnement, les chantiers ou encore les bâtiments non résidentiels. Par exemple les éclairages de vitrines de magasins doivent être éteints à 1 heure du matin au plus tard ou 1 heure après la cessation de l’activité si celle-ci est tardive et sont allumées à 7 heures du matin au plus tôt.

Qu’elle conséquences sur la biodiversité ?

De nombreuses études permettent aujourd’hui de mieux comprendre les conséquences de la lumière sur la faune et la flore. En voici quelques exemples.

Les mammifères

Chez les mammifères, les chauves-souris (chiroptères) semblent être les plus impactées. Des études ont montré des effets sur les colonies de reproduction et les gîtes d’hibernation. Par exemple les juvéniles sont plus petits dans les colonies qui occupent des bâtiments éclairés. La lumière a un effet de barrière visuelle pour ces espèces ce qui fragmente de façon importante leur territoire mais aussi modifie la distribution de leur proies (voir les impacts sur les insectes).

Les oiseaux

En période de nidification, les jeunes oiseaux peuvent être attirés par les lumières parasites et désorienté sans pouvoir retourner au nid. Les rapaces nocturnes comme la Chouette effraie sont particulièrement impactés par les lumières de la circulation automobile, les oiseaux éblouis sont plus facilement victime de collisions avec les véhicules. La lumière peut également agir comme un répulsif et empêcher la nidification à proximité des sources lumineuses. Enfin les oiseaux se repèrent entre autre grâce aux étoiles lors des migrations, et en particulier lorsque la couverture nuageuse est importante. Les espèces migratrices sont ainsi désorientées par les halos lumineux des villes et peuvent être détournés des routes de migrations.

Les invertébrés

L’impact des lampadaires sur les insectes n’est plus à démontrer, nous avons tous observés les nués d’insectes autour des lampes l’été. Les insectes les plus impactés sont les moustiques, les papillons nocturnes, les mouches et les coléoptères. Autant d’espèces pollinisatrices méconnues qui ne peuvent pas jouer leur rôle dans les écosystèmes (-60% de pollinisation dans les zones soumises à l’éclairage artificiel). En 2000 une étude a montré que le rayon d’attraction autour d’un lampadaire est compris entre 400 et 700 m en temps normal et d’environ 50 m les nuits de pleine lune (la lune ayant une capacité d’attraction plus importante que la lumière artificièle). La même étude estime à 150 le nombre d’insectes tués par lampadaire et par nuit en été. On comprend ainsi mieux d’une part l’effet barrière des lampadaires pour les espèces dites lucifuges (qui évitent la lumière) et d’autre part le piège que représentent ces sources lumineuses (attraction et mort des individus par prédation ou épuisement).

Des solutions simples à mettre en place

  • L’une des priorités est de remplacer progressivement les lampes à vapeur de mercure, des lampadaires qui consomment beaucoup d’énergie et qui sont les plus attractives pour les insectes.
  • Installer des lampes au sodium basse pression plus économique et moins attractive.
  • Quand est-il des LED installées aujourd’hui ? Les LED de lumière blanche ou bleue sont aujourd’hui conseillées en masse sur le marché sans recul ni expertise indépendante sur leurs effets et performances. On confond encore trop souvent la lumière avec l’énergie, les LED sont souvent installées en grand nombre en remplacement d’éclairage classique et si elles consomment moins individuellement la quantité peut devenir plus consommatrice que l’installation initiale. La lumière bleue est aussi l’une des plus impactante sur la faune sauvage.
  • Orienter les éclairages vers le bas pour ne pas éclairer le ciel et installer des déflecteurs sur les lampes.
  • Limiter la durée de l’éclairage en installant des détecteurs de mouvement et des minuteurs.

Le Museum National d’Histoire Naturelle (MNHN) a mis au point un jeu qui permet d’appréhender de façon ludique les impacts des sources lumineuses et les différentes solutions qu’il est possible de mettre en place.

Ce que peux faire ADIV-Environnement à l’échelle de la commune

Nous vous proposerons une marche nocturne au printemps essayer de repérer les secteurs les plus éclairés dans Verneuil et notamment là où la lumière est la plus impactante, à proximité des espaces naturels. Nous pourrons ensuite faire un courrier à la mairie pour demander des mesures spécifiques dans les secteurs identifiés (suppression des lampadaires à boules, luminosité particulièrement forte autour des stades …).

Si vous voulez en savoir plus :

Pollution lumineuse : longueurs d’ondes impactantes pour la biodiversité

Impact de la pollution lumineuse sur la biodiversité. Synthèse bibliographique

Pollution lumineuse et biodiversité : un enjeu pour l’ensemble du territoire

Pollution lumineuse & insectes pollinisateurs. Quels effets ?

Site de l’ANPCEN (association nationale pour la protection du ciel de l’environnement nocturnes)


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