Cartographie de la pollution lumineuse à Verneuil-sur-Seine

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Après avoir consacré un article sur les conséquences de la pollution lumineuse sur la biodiversité ainsi qu’une sortie nocturne sur ce thème en 2019, nous voulons aller plus loin en proposant une cartographie de la pollution lumineuse sur la commune.

La pollution lumineuse est de plus en plus prise en compte, que ce soit pour son impact sur la nature au sens large mais aussi dans le cadre des politiques publiques suite à la prise de conscience du coût de l’éclairage urbain.

Etablir un état des lieux de la pollution lumineuse sur un territoire nécessite certaines données. La ville de Paris, l’agglomération de Lille ou encore celle de Nantes se sont dotées de photographies aériennes nocturnes. Malheureusement nous n’avons pas encore ce type de données disponibles sur notre territoire.

Figure 1 : Photographie aérienne nocturne de la ville de Paris (CEREMA).

Néanmoins, nous avons pu récupérer auprès de la communauté de communes (GPSEO) les données sur les lampadaires de la commune ce qui constitue une très bonne base de départ pour le sujet qui nous intéresse.

Ainsi les points lumineux sont géolocalisés mais malheureusement il n’existe pas encore les informations sur les caractéristiques techniques des lampadaires (hauteurs des mâts, type de luminaire, type et puissance des lampes) ce qui permettrait d’affiner le résultat.

De plus les données de GPSEO ne portent que sur les luminaires situés dans l’espace public. Il a donc fallu compléter avec les luminaires des résidences privées, des gares et des parkings. Sur Verneuil, il y a au total 2156 lampadaires dont 500 ont été ajoutés manuellement sur la carte grâce aux vues aériennes, à la street view et à quelques déplacements sur le terrain.

Une zone tampon de 10 m a été définie autour de chaque point lumineux, excepté pour les lampadaires de type « boule » plus impactants, sur lesquels la zone tampon appliquée est de 15 m. Ces zones tampons simulent les halos de lumière intense à proximité des points lumineux. Globalement les lampadaires à boules qui subsistent dans Verneuil sont situés dans des résidences privées.

Ensuite, l’emprise des bâtiments a été soustraite des halos lumineux obtenus pour simuler le fait que les bâtiments font écran à la lumière. On observe d’ailleurs que certains cœurs d’îlots sont assez bien préservés de la lumière nocturne grâce à cet effet écran.

Le halo de lumière diffuse est obtenu à partir du carré du halo de lumière intense. Donc 100m pour la plupart des lampadaires et 225m pour les lampadaires à boules.

Cela simule le halo de lumière diffusé par la ville comme on peut le voir sur la figure ci-dessous :

Figure 2 : Cartographie de la pollution lumineuse à Verneuil-sur-Seine

Certains secteurs sont très éclairés comme le centre-ville mais aussi certaines résidences privées comme celle du Parc de Verneuil (rue du Pré Rousselin), certains secteurs de la résidence la Garenne et les abords de la résidence des coteaux de Verneuil (allée des Capucines). Une partie des Hauts de Verneuil semble également densément éclairée ainsi que les abords de la gare de Vernouillet/Verneuil. On remarque également que l’agencement du quartier des Clairières de Verneuil favorise un fractionnement important des cœurs d’îlots préservés de la lumière.

Les espaces naturels comme le Bois de Verneuil, les étangs et les bords de Seine sont en revanche assez bien préservés tout comme certains parcs plus urbains comme le parc du Talweg, le parc des Groux et le parc de l’école Notre-Dame.

Quelles solutions adopter ?

Ce travail sur la pollution lumineuse sera pris en compte dans notre Atlas de la Biodiversité de la commune afin d’intégrer une trame noire dans la réflexion sur les continuités écologiques. Un deuxième travail consistera à identifier les axes de déplacement de la faune nocturne afin de les prendre en compte pour d’éventuelles évolutions de l’éclairage urbain.

L’OFB (Office Français de la Biodiversité) vient d’éditer un guide intitulé « Trame noire : Méthodes d’élaboration et outils pour sa mise en œuvre ». Des solutions sont proposées pour réduire la pollution lumineuse ; elles tournent principalement autour de 3 axes détaillés dans l’illustration ci-dessous : les caractéristiques des luminaires, l’organisation spatiale des points lumineux et la dimension temporelle.

L’inventaire des caractéristiques des luminaires étant en cours du côté de GPSEO, nous disposons pour l’instant d’informations limitées pour agir sur ces différents axes.

Néanmoins nous avons tout de même simulé une nouvelle carte avec plusieurs mesures simples à mettre en œuvre uniquement sur les éclairages dans l’espace public :

  • Remplacement des lampadaires « boules » ;
  • Mise en place de mesures type extinction nocturne ou détecteur de présence sur des secteurs ciblés comme les lisières de la forêt, autour de l’église (les églises sont des habitats de choix pour les chouettes et les chauves-souris) et des principaux parcs (Champclos, talweg, jardins familiaux).

Le résultat apparait sur la figure ci-dessous : les lisières de la forêt sont moins soumises à la pollution lumineuse et une zone sombre assez importante émerge au niveau du parc du Talweg.

Figure 3 : Pollution lumineuse sur la commune après la mise en œuvre des mesures proposées.

Voilà donc une première approche de la pollution lumineuse sur la commune qui sera bien sûr à affiner mais qui permet de prioriser les aménagements à réaliser.

Pour aller plus loin, la page dédiée aux trames noires sur le site de l’OFB :

https://professionnels.ofb.fr/fr/node/831

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