La ville du quart d’heure : un modèle pour nos villes ?

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La ville du quart d’heure est le modèle d’une ville idéale où tous les services essentiels sont atteignables en un quart d’heure à pied ou à vélo. Ce modèle est-il transposable à notre territoire ?

La ville du quart d’heure est un concept lancé entre autres par Carlos Moreno, professeur franco-colombien, qui va à l’encontre de la vision de l’aménagement des années 1990 où l’on pensait résoudre les problèmes liés à l’étalement des villes par des moyens de transport plus rapides : peu importait que le travail ou les zones commerciales soient éloignés de notre lieu de vie puisqu’on pouvait s’y rendre en voiture.

La ville du quart d’heure est au contraire une proposition de développement d’une ville polycentrique où la proximité assure une mixité fonctionnelle et développe les interactions sociales, économiques et culturelles. Il s’agit d’essayer de répondre localement aux besoins des habitants, classées en six catégories de fonctions sociales : habiter, travailler, s’approvisionner, se soigner, s’éduquer et s’épanouir.

Selon ce concept, l’organisation des villes doit évoluer : il n’y a plus de distinctions entre des quartiers pour vivre, d’autres pour socialiser ou d’autres pour travailler.

Le développement de la ville du quart d’heure est guidé par trois idées majeures :

  • Favoriser un nouveau rythme à la ville pour réduire les déplacements longs et pendulaires qui pénalisent la qualité de vie,
  • Utiliser les lieux existants pour différents usages,
  • Renforcer les nouvelles urbanités pour augmenter l’attachement des gens à leur quartier.

La première idée, c’est-à-dire réduire les déplacements, est la plus immédiate. Le concept de ville du quart d’heure a été beaucoup mis en avant à la suite de l’expérience des restrictions de déplacement lors de l’épidémie du COVID. Réduire les transports est tout à fait dans l’idée d’une réduction des émissions de CO2 liées aux transports en automobile. Dans la ville du quart d’heure, la majorité des déplacements se fait à pied ou à vélo. La question la plus difficile est celle du travail mais l’utilisation des transports en commun et le télétravail constituent une partie des solutions.

La deuxième idée est plus originale : il s’agit de repenser l’utilisation des bâtiments. Depuis toujours, les bâtiments ont été construits pour une seule destination : l’école pour les écoliers, les gymnases pour les sportifs, etc. Il faut donc réfléchir à développer le coworking dans certains bâtiments inutilisés, à utiliser les écoles pour des activités culturelles le week-end ; les zones de l’espace public revégétalisées redeviennent des lieux de rencontre. Ainsi à Paris, les écoles sont imaginées en « capitales de quartier ».

Enfin, il s’agit de retrouver une sociabilité de courte distance et c’est la partie la plus novatrice du concept : ayant beaucoup de possibilités de rencontres, d’activités à proximité de leur domicile, il y a une reconnexion des habitants entre eux et un attachement naturel à leur quartier, véritable lieu de vie. Il ne s’agit pas d’un renfermement sur son quartier ni d’un ghettoïsation mais une re-création de liens car nous vivons le paradoxe d’être à la fois hyperconnectés et d’être déconnectés socialement du milieu où l’on vit.

Extrait d’une présentation de la municipalité de Mulhouse.

Bon voilà pour la théorie ; maintenant essayons de voir la mise en œuvre de ce concept sur notre territoire, par exemple sur les villes de Verneuil-sur-Seine et de Vernouillet où l’urbanisation et les infrastructures ont été conçues dans l’optique de déplacements exclusivement en voiture avec disparition progressive des commerces locaux au profit de grandes zones commerciales excentrées, construction de quartiers uniquement résidentiels sans aucun commerce ni lieu de rassemblement de la population, politique de déplacement axée sur la construction de nouvelles routes et l’implantation de parkings.

Que peut-on faire et par où commencer ?

D’abord les mobilités : la carte que nous avons construite sur les temps de transport, à pied ou à vélo, montre que la notion de ville du quart d’heure s’adapte bien à nos villes : en un quart on peut accéder à un certain nombre d’équipements (écoles) et commerces. Certains quartiers (Marsinval, les Clairières) en sont néanmoins totalement dépourvus. Sur ce thème, il faudrait déjà ne pas reproduire les erreurs du passé en termes de création de nouvelles zones de logements.

En ce qui concerne une meilleure utilisation des bâtiments existants pour donner une vie aux quartiers excentrés, il y a des choses envisageables : animations dans des gymnases ou des écoles même si cela demande des aménagements.

Enfin redonner une vie aux quartiers peut commencer par leur donner une identité, des événements spécifiques, indépendants des animations menées au niveau de la commune. Une solution consiste également à impliquer les habitants dans les projets de leur quartier.

Utopique, inadapté, bon pour les bobos parisiens… L’urgence climatique qui est face à nous nécessite de repenser nos villes en des endroits viables et vivables, durables et équitables. La ville du quart d’heure est une des voies à explorer pour ralentir la ville et accélérer la vie de quartier.

Liens en complément :

Ville du quart d’heure — Wikipédia (wikipedia.org)

Qu’est-ce que la « ville du quart d’heure » et comment peut-elle changer nos vies ? | Euronews

Paris ville du quart d’heure, ou le pari de la – Ville de Paris

A pied, à vélo, c’est pas si long – ADIV-Environnement

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