Les aménagements pour les piétons et les cyclistes dangereux pour la circulation ?

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La municipalité de Verneuil-sur-Seine vient de mettre une partie du centre-ville en zone 30 : une belle initiative critiquée par bon nombre d’automobilistes qui considèrent que tout ce qui porte atteinte à leurs privilèges est inacceptable.

Depuis quelques années, une révolution silencieuse a permis aux piétons et cyclistes de reprendre un peu possession de l’espace public : de l’instauration des zones 30 à l’autorisation des doubles-sens cyclables, les mobilités douces sont favorisées mais les automobilistes ont l’impression que cela augmente les risques. Regardons les chiffres de la sécurité afin d’évaluer ces nouvelles pratiques.

Intéressons-nous d’abord au nombre de piétons tués chaque année en France : ils sont renversés par des voitures ou des motos (jamais un piéton n’a tué un automobiliste). Le nombre de victimes a nettement diminué à partir de 2003 (l’année de mise en place des radars) et depuis il diminue constamment pour passer sous la barre des 500 piétons tués par an. Sachant que les piétons n’ont pas changé de comportement, c’est bien la baisse de la vitesse des voitures qui améliore la sécurité.

mortalité piétons

En ce qui concerne le nombre de cyclistes tués, on observe une tendance semblable mais ce nombre s’est stabilisé autour de 150 malgré l’augmentation considérable de l’utilisation du vélo ces dernières années (et l’augmentation des double-sens cyclables).

mortalité cyclistes

Ces chiffres montrent que c’est que c’est bien le comportement des automobilistes qui est dangereux et non le comportement des piétons ou des cyclistes. Lorsque la vitesse des voitures diminue, les piétons et les cyclistes comptent moins de victimes dans leurs rangs. Le double-sens cyclable en faisant ralentir les voitures contribue également à améliorer la sécurité de tous.

Il faut donc limiter la vitesse à 30 km/h dans toutes les villes comme cela a été fait dans les agglométations de Grenoble (400 000 habitants), Sceaux, Bougival, Fontainebleau, Fontenay-aux-Roses, etc. Diminuer partout la vitesse des voitures pour rendre nos villes plus sûres tout en réduisant le bruit et la pollution.

Les temps ont changé : désormais les aménagements urbains ne doivent plus uniquement viser à faire le bonheur des voitures.

Tous les chiffres cités sont consultables sur le site de l’observatoire interministériel de la sécurité routière.

8 commentaires

  1. Il faudrait aussi que la police effectue des contrôle de vitesse dans le centre ville, beaucoup de voiture ne respecte pas le 50km/h alors le 30 dans nos petites rues…
    Tous les jours en revenant de la gare je vois des voitures rouler à toute vitesse…
    Bruno

    1. Globalement, les vitesses des voitures ont plutôt diminué dans les villes ces dernières années et l’instauration des zones 30 participe à ce courant.
      Mais il y a effectivement des efforts à faire de la part des automobilistes. Les piétons et les cyclistes doivent aussi clairement montrer (avec prudence) leur détermination à faire respecter leurs droits.

  2. Je fais tous les jours le trajet jusqu’à la gare en vélo et quelque milliers de kilomètres pour mes loisirs . Pour moi, les pistes matérialisées par de simples lignes pointillées et des vélos dessinés sur le sol n’empêcherons pas un grand nombre d’automobilistes de se prendre pour les rois de la route, de vous coller, de vous dépasser sans respecter la distance de sécurité, de vous klaxonner, d’ouvrir leur porte sans regarder, etc… Peut être un peu moins (c’est toujours bon à prendre) quand ces « pistes » existent.

    Pour l’instant, mes trajets me font éviter les remontée de sens interdits et cela m’arrange fortement !

    Je pense que des pistes séparées de la route dans les endroits où cela est possible seraient bien plus appropriées et sécurisantes bien évidemment.

    Mais en ville, la largeur des rues ne le permet pas et à défaut de dessiner des pistes cyclables sur un ou bien les deux côtés de la route, qui ne laissent pas la place pour que les voitures se croisent et rend la circulation plus difficile pour tout le monde, il faudrait plus particulièrement que tous les moyens de transport cohabitent dans le respect des règles de circulation et en bonne intelligence (on peut rêver, non?).

    Pour cela pourquoi ne pas obliger tous les automobilistes à abandonner leur voitures quelques journées par an pour faire une partie de leur trajets en vélo pour qu’ils appréhendent la vulnérabilité des cyclistes et les difficultés de se déplacer en vélo face aux véhicules à quatre roues.

    Tout cela pour dire que la solution n’est pas forcément dans des aménagements coûteux et pas toujours efficaces. Les solutions sont d’ailleurs loin d’être évidentes.

    1. Merci pour ce commentaires venant de quelqu’un qui utilise beaucoup le vélo. Il est clair qu’il est difficile de faire des aménagements pour le vélo alors que depuis 50 ans, ils sont uniquement conçus pour faciliter la circulation automobile.
      Les personnes qui marchent ou qui font beaucoup de vélo en ville sont effectivement beaucoup plus enclines à respecter les piétons et les cyclistes lorsqu’ils sont automobilistes mais beaucoup d’automobilistes ne sont pas prêts à inverser les rôles.

  3. Je suis tout à fait d’accord avec les propos de Pierre Coffin.
    Comme lui je redoute les voies à sens unique à double sens pour les cyclistes.Les voitures n’y sont pas préparées et vous cèdent le passage difficilement.
    Pour les pistes marquées sur la voie publique ,il n’est pas facile de les pratiquer en toute sécurité car elles sont souvent couvertes des débris de la chaussée.
    C’est vrai que la solution la plus efficace pour tout le monde est celle des voies cyclables isolées comme entre Triel et Poissy et Poissy et St Germain.

    1. J’avoue que pour avoir testé les double-sens cyclables dans d’autres villes, il faut être attentif lorsqu’on les utilise.
      Mais globalement, au bout d’un moment les automobilistes s’adaptent et roulent moins vite.
      la solution de la piste cyclable est souvent évoquée lorsqu’il s’agit de déplacements en vélo mais elle n’est pas toujours possible en centre ville où l’utilisation du vélo comme moyen de déplacement quotidien est la plus fréquente.

  4. Moi qui suis à la fois automobiliste piéton et cycliste ayant déjà fait un saut périlleux par-dessus le capot d’une voiture, je trouve très bien de réduire la vitesse à 30 km/h dans les rues étroites de Verneuil.
    mais je trouve les double-sens cyclables dangereux, comme d’ailleurs ces pseudo-pistes cyclables prises sur la voie principale.
    Pour voir une vraie sécurité à vélo, il faut aller par exemple aux Pays-Bas, où les vélos sont totalement séparés des voitures dès que cela est possible, et parfois au détriment des piétons, lorsque les pistes cyclables empruntent les trottoirs (les vélos ont priorité sur les piétons).
    En voiture, la nuit, tout conducteur aux Pays-Bas dans un sens unique sait qu’il peut se retrouver face à un cycliste sans éclairage et en contre-sens et conduit en conséquence. Avant que ces comportements ne prennent racine en France, il se passera forcément du temps.
    Or les cyclistes français ne sont pas plus éclairés que les néerlandais et respectent encore moins qu’eux le code de la route.
    Commencer par introduire les vélos à contre-sens, c’est s’attaquer d’emblée à l’Everest sans avoir gravi le Mont-Blanc ou équivalent. C’est dangereux, et ce seront les cyclistes qui paieront le prix d’un excès de zèle.

    Il vaudrait mieux commencer par mettre en place une circulation des vélos réellement isolée des voitures (cad pas par de simples bandes blanches ou pointillées ou tout autre signalisation), en réduisant la largeur des voies de circulation, des trottoirs, voire du gazon en bordure de route.
    On pour

    Et je ne saurais trop recommander à nos services techniques municipaux, communautaires, départementaux ,etc. d’aller circuler à vélo, et aussi en voiture, aux Pays-bas, de jour, de nuit, par beau ou mauvais temps, pour y expérimenter personnellement ce qui existe et se pratique dans un pays où le vélo est pratiquement une extension du corps

    Quant à la piste montrée sur la photo, j’y ai vu ce WE des enfants la descendre à pleine vitesse en planche à roulettes, ne pas réussir à prendre le virage et terminer de l’autre côté de la rue. C’est trop tentant! Heureusement qu’aucune voiture n’arrivait en face, même à 25km/h.

    Amicalement,
    Pierre

    1. Merci pour ce commentaire qui montre que tout n’est pas simple en matière de circulation ; il y a encore beaucoup à apprendre pour faire cohabiter les différents modes de déplacements, chacun ayant le droit de circuler en sécurité sur l’espace public tout en respectant les autres.

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