MM. Tautou, Mancel et Delrieu accros à la voiture

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Des milliers de morts prématurées par an dues aux moteurs diesel, un niveau de pollution très important en Ile-de-France mais rien n’y fait : il a suffi que la municipalité de Paris ose interdire la circulation sur 3 km pour que nos édiles signent une lettre ouverte pour faire part de leur colère : on n’aurait plus le droit de prendre sa bagnole pour polluer ?

Connaissez-vous Bordeaux ? C’est une ville où il fait bon vivre avec un centre-ville où ne circulent principalement que piétons, cyclistes et tramways. Cette ville est maintenant citée en exemple et beaucoup de villes de province tentent de l’imiter. La ville de Paris a également entrepris une vaste réorientation des modes de circulation après avoir longtemps été façonnée pour s’adapter à l’automobile. Une remise en question qui n’est pas du goût des maires de Verneuil, Triel et Carrières-sous-Poissy qui ont signé une lettre ouverte pour dénoncer une situation qu’ils jugent scandaleuse : tenez-vous bien, rendre 3 km de voies sur berges aux piétons, du jamais vu !

Si la lutte est si rude depuis plusieurs mois, c’est surtout parce que les automobilistes d’Ile-de-France sentent qu’ils sont en train de perdre une bataille. Eux à qui on a tout accordé depuis un siècle – priorité absolue, occupation de tout l’espace public, droit à polluer sans compter – ils comprennent qu’ils deviennent indésirables et ce sentiment qu’ils n’ont jamais éprouvé leur fait perdre toute mesure.

A ADIV-Environnement, nous avons toujours lutté contre la déviation de la RD154 car nous sommes persuadés qu’au final, construire une nouvelle route augmentera la circulation. Nous sommes donc également persuadés de la contraposée : diminuer le nombre de routes accessibles aux voitures diminuera le nombre de personnes qui prendront leur voiture.

Mais nos maires sont attachés au schéma de pensée ancien selon lequel pour réduire les embouteillages, il faut construire des routes (déviation de la RD154, pont d’Achères, etc.) ce qui inexorablement conduit les habitants à utiliser la voiture et donc à créer des bouchons. En fait, ceux d’entre nous qui limitons l’utilisation de la voiture font le bonheur des automobilistes endurcis qui ont plus de place pour circuler. Ainsi paradoxalement, prendre les transports en commun fait le bonheur des automobilistes !

Réduire les accès routiers créera immanquablement de façon temporaire des bouchons mais l’embouteillage est une étape nécessaire pour diminuer progressivement l’importance de l’automobile et rendre l’espace public aux citoyens.

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5 commentaires

  1. En parlant d’acte citoyen, au delà de la nécessité de trouver une solution « propre » en ce qui concerne les transports tels les camions, autocars et autobus diesel sans filtres à particules, chacun peut participer facilement à améliorer les choses en laissant sa voiture diesel (ou autre) au garage quand il y a moyen de s’en passer (exemple : trajet domicile / boulangerie le dimanche matin !!) et en ne laissant pas tourner le moteur à l’arrêt pendant plusieurs minutes (pollution via particules et pollution sonore !).
    Pour ce qui est des transports en commun, il faut bien admettre que les innombrables côtés négatifs ne sont pas très engageants, mais il arrive un moment où il faut faire des concessions. Il existe aussi le vélo (qui reste un moyen de transport) pour les distances raisonnables.
    Enfin, pour régler les problèmes divers de circulation, les nouvelles routes ou autre voies de circulation seront déjà saturées avant de voir le jour. Le problème vient aussi probablement de la concentration des emplois en région Parisienne et le refus d’instaurer le travail à domicile pour ceux qui le peuvent (et ils sont nombreux).
    Et je me range du côté de ceux qui sont pour la fermeture aux véhicules des voies sur berges à Paris, que cela se fasse en force ou pas.

    Bien à vous

  2. Je comprends parfaitement et soutiens sans réserve la position de l’ADIV sur la déviation, quand il s’agit de dénoncer une action couteuse (au mieux 5000 véhicules par jour déviés du centre-ville, pour un coût supérieur à 24 millions d’euros, alors qu’on pourrait faire tant de chose si utiles avec cette somme) et qui détruit inutilement un bois auquel nous sommes attachés. Grace à l’ADIV nous avons déjà gagné plusieurs années de répit. J’ai apprécié ce 25 décembre encore de me promener dans ce bois si agréable.
    Je peux comprendre mais ne soutiens pas l’action de l’ADIV quand elle prend systématiquement des positions anti voiture, comme si la voiture était la peste des temps modernes et que tout était bon pour en réduire l’usage, ainsi de multiplier les bouchons à Paris.
    Je comprends tout à fait l’attitude du maire de Verneuil, et de 167 (!) collègues, qui contrairement à ce que prétend le titre « accrocheur » de l’article de l’ADIV, n’ont pas dit non à la fermeture des voies sur berges mais demandé la concertation. Ils s’opposent à un passage en force au nom d’une idéologie écologiste tout entière au service de démagogues qui flattent l’égoïsme de leurs électeurs parisiens. Le Paris Express fait partie des solutions, il y en a d’autres.
    Je me rallie donc à la position équilibrée des 168 maires, pas à celle de l’ADIV. Et puisque il faut d’abord s’occuper de son jardin pourquoi ne pas proposer de fermer la RD104 puisque, comme l’ADIV l’affirme : « Réduire les accès routiers créera immanquablement de façon temporaire des bouchons mais l’embouteillage est une étape nécessaire pour diminuer progressivement l’importance de l’automobile et rendre l’espace public aux citoyens ». Je ne sais pas si tous les adhérents suivraient !

    1. Entre se promener le dimanche dans le Bois de Verneuil et privilégier la voiture comme moyen de déplacement, il faut choisir.

      Entre essayer de préserver notre planète et vivre sans conscience des effets de notre comportement, il faut choisir.

      Oui l’article est provocateur mais il ambitionne de réveiller les consciences : on ne peut plus se contenter de dire « oui, lorsqu’il y aura des transports fiables et confortables, j’irai au travail en transports ». C’est ici et maintenant qu’il faut agir.

      L’article prône une baisse progressive de la circulation ; évoquer une fermeture complète de la RD154 actuelle est une caricature.

      Si moins de personnes prenaient leur voiture pour se rendre à Paris ou en proche banlieue, il y aurait moins de circulation sur la RD154 actuelle et le problème de la déviation serait rapidement réglé : tout le monde serait d’accord pour dire qu’elle est inutile.

  3. Pas d’accord du tout sur la fermeture de la voie sur berge rive droite de la Seine.
    La fermeture est maintenant effective depuis presque six mois, et il y a toujours autant d’embouteillages qu’au début, voire plus.
    En effet, au début, il faisait beau, ce qui encourage aux transports en commun; maintenant, avec le mauvais temps, et aussi les pannes qui vont avec, ils sont nettement moins attrayants.

    Espérer que les bouchons seront temporaires suppose qu’il y ait des itinéraires de substitution ou que les besoins disparaissent. En l’occurrence, le boulevard St Germain et le faubourg St Honoré sont déjà très encombrés, et à éviter depuis des lustres. Reste le périphérique sud: il était déjà très encombré, et maintenant, les temps de parcours annoncé supérieurs à une heure pour la porte d’Orléans ou Bercy sont devenus usuels.
    Nous sommes maintenant six mois ou presque après la fermeture de la voie sur berge, et il suffit de se promener le long des bouquinistes pour constater que les embouteillages monstres sur la rive droite sont toujours là. Quant au périphérique sud, il faut être encore patient qu’autrefois, comme j’ai pu le constater moi-même à mes dépens.

    Quant aux transports en commun, ils sont indignes d’une grande capitale, et ne permettent de toute façon pas d’aller dans d’autres banlieues sans forte perte de temps tout en étant sûr que train, RER ou bus fonctionneront. Ils sont en général suffisants pour le retraité que je suis, mais certainement pas pour un usage professionnel.

    Avec tous ces embouteillages, il me semble que la pollution aux particules fines devrait logiquement augmenter et que l’effet réel de la fermeture de la voie sur berge rive droite est à l’opposé du but affiché.

    Et si l’on voulait vraiment lutter contre la pollution aux particules fines, il faudrait plutôt mettre en place une norme sur leurs émissions , quelles qu’en soit la source. En attendant cette norme, on pourrait commencer par interdire, en cas de pollution, tous les camions, autocars et autobus diesel sans filtres à particules, et surtout sans oublier les feux de bois dans les cheminées.
    Pourquoi l’ADIV ne proposerait-elle d’ailleurs pas aux maires de notre environnement de prendre des arrêtés contre les feux de bois, en cas de pollution? Et pourquoi ne pas commencer par proposer à ses membres de ne plus faire de feux dans leurs cheminées pour réduire la pollution? Ce serait un véritable acte citoyen…

    Cordialement,
    Yann Lacoste

    1. D’abord pour enlever toute ambiguïté à la démarche, je voudrais dire que l’auteur de l’article (en accord avec le CA de l’association) et de cette réponse emprunte tous les jours depuis 18 ans les transports en commun « indignes » pour se rendre à son travail à Gennevilliers (plus d’une heure de temps de trajet par la ligne J et la ligne 13) alors qu’il irait probablement plus rapidement en voiture (en fonction des horaires).
      Pour nous la fermeture des voies sur berges est un acte hautement symbolique qui doit être soutenu, car il met fin à des décennies de priorité donné à la voiture tant au point de vue la circulation que du stationnement. Il ne faut pas espérer que les gens abandonnent spontanément la voiture au profit d’autres modes de transport aussi confortables soient-ils et si on veut arrêter de construire des routes, il faut bien commencer par diminuer la circulation automobile. Les personnes qui se déplacent à pied, en vélo ou en transports devraient être soutenues alors que ne voit partout que lamentations sur le sort des pauvres automobilistes alors que ce sont eux les pollueurs à l’origine du problème.
      L’argument qui consiste à dire que la fermeture des berges favorise la pollution et donc va à l’encontre du but recherché me parait illégitime : cela revient à dire qu’on ne peut pas s’opposer à quelque chose de mauvais sous prétexte que cela pourrait empirer.
      Je suis d’accord pour qu’on s’attaque à toutes les sources de pollution et c’est d’ailleurs ce qui est fait progressivement ; je suis persuadé que les résultats seront beaucoup plus rapides sur la pollution par les feux de cheminée que par les voitures.
      Je note votre idée sur les feux de cheminée des adhérents.

      Bien cordialement

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